Il existe à ce jour en France deux éditions du manga Sailor Moon. La première, signée Glénat, vit le jour entre février 1995 et juin 1998. Quant à la deuxième, elle est toujours en cours chez Pika Édition avec six tomes parus à ce jour. Le but de cette analyse est de comprendre dans quelle mesure les éditions qui nous sont proposées se rapprochent et diffèrent des éditions originales japonaises afin de déterminer laquelle des deux est la plus réussie. Comme indiqué précédemment, le manga Sailor Moon fut publié pour la première fois en France par Glénat dans la seconde moitié des années 90, c'est à dire un peu plus d'un an après la diffusion du premier épisode de l'anime dans le Club Dorothée sur TF1. Il convient de rappeler qu'à l'époque, la culture japonaise était plutôt mal perçue dans notre pays et les productions nippones jugées le plus souvent trop violentes. C'est donc dans ce contexte peu engageant que Glénat décide de publier l'œuvre de Naoko Takeuchi et force est de constater que l'éditeur a dû s'interroger sur la manière la plus appropriée de faire découvrir le manga au public français. Rester fidèle à l'original, s'appuyer sur l'anime déjà connu du public ou encore apporter une touche personnelle à l'ensemble: telles sont les considérations vraisembablement prises en compte par les responsables éditoriaux de chez Glénat qui ont, au final, décidé de les adopter toutes les trois. L'édition Glénat de Sailor Moon comporte 18 volumes au total présentés dans le sens de lecture occidental. Tout d'abord, on constate que certaines couvertures des tomes français sont inversées par rapport à celles de la version originale; une différence qui perdure jusqu'au volume 6 inclus après quoi les jaquettes deviennent bien identiques. |
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Édition originale | Édition française | ||
1 | 6 | ||
2 | 1 | ||
3 | 3 | ||
4 | 4 | ||
5 | 5 | ||
6 | 6 | ||
D'autre part, Glénat prend des libertés avec les prénoms des personnages puisque ceux-ci résultent d'un mélange entre le manga original, la version animée diffusée dans le Club Dorothée et de la pure invention comme en atteste le tableau ci-dessous: | |||
Édition originale | Édition française | ||
Usagi Tsukino/Sailor Moon | Bunny Tsukino/Sailor Moon | ||
Chibiusa/Sailor Chibi Moon | Bunny Tsukino/Sailor Mini Moon | ||
Ami Mizuno/Sailor Mercury | Amy Mizuno/Sailor Mercure | ||
Rei Hino/Sailor Mars | Raya Hino/Sailor Mars | ||
Makoto (Mako) Kino/Sailor Jupiter | Mako Kino/Sailor Jupiter | ||
Minako Aino/Sailor Venus | Minako Aino/Sailor Vénus | ||
Mamoru Chiba/Tuxedo Mask | Manoru Chiba/Tuxedo Masqué | ||
Haruka Tenoh/Sailor Uranus | Frédéric Tenno/Sailor Uranus | ||
Michiru Kaioh/Sailor Neptune | Mylène Kaio/Sailor Neptune | ||
Setsuna Meioh/Sailor Pluto | Séverine Meio/Sailor Pluton | ||
Hotaru Tomoe/Sailor Saturn | Olivia Tomoe/Sailor Saturne | ||
Luna | Luna | ||
Artemis | Artémis | ||
Diana | Diana | ||
Enfin, cette première édition française de Sailor Moon est entièrement en noir et blanc. On n'y retrouve aucune des illustrations en couleur pourtant présentes dans la version originale. En revanche, Glénat proposait de multiples bonus qui sont absents dans la version proposée par Pika à laquelle nous allons à présent nous intéresser. En tout premier lieu, on peut dire que Pika propose un produit fidèle à l'édition Kōdansha parue au Japon en 2003 avec couvertures identiques, maintien du sens de lecture oriental, conservation des noms originaux des personnages et pages couleur bien présentes. On constate cependant l'absence des planches de stickers pourtant contenues dans chacun des tomes originaux. Il est par ailleurs intéressant de voir la manière dont certaines planches ont été retouchées par comparaison à la première édition ainsi que la façon dont certains détails ont été mis au goût du jour. C'est notamment le cas dans l'acte 2 où la disquette d'Ami est remplacée par un CD-ROM. En revanche, l'un des principaux défauts de cette édition se situe au niveau de la traduction. Sans être fausse ou inexacte, elle n'en demeure pas moins un peu trop "scolaire". Certaines tournures de phrases ne correspondent pas à la manière dont s'exprimeraient des collégiennes de quatorze ou quinze ans. Prenons par exemple le personnage de Makoto: c'est une adolescente rebelle et garçon manqué pourtant sa façon de parler correspond à celle d'une jeune fille de bonne famille. Idem pour Usagi et Minako dont le langage est parfois trop soutenu et peu en adéquation avec leurs personnalités respectives. Pour terminer, on peut déplorer que cette édition soit dépourvue de bonus intéressants puisque les notes de Naoko Takeuchi ont été remplacées par des illustrations représentant des chibi-personnages. |
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Glénat | Pika | ||
Avantages | Inconvénients | Avantages | Inconvénients |
Nombreux bonus |
Sens de lecture occidental |
Sens de lecture japonais |
Absence de bonus et de planches de stickers |
Bonne traduction |
Jaquettes inversées |
Jaquettes conformes à l'édition originale |
Défauts de traduction |
Papier de qualité |
Non-respect des patronymes originaux |
Respect des patronymes originaux |
Papier de qualité inférieure mais conforme à l'esprit manga. |
Aucune page couleur | Pages couleur | ||
Pour conclure, on peut dire que l'édition Glénat parue il y a maintenant une quinzaine d'années était plutôt honorable pour l'époque et bénéficiait de points plutôt positifs. On constate en revanche la volonté de l'éditeur de se démarquer de l'édition originale japonaise afin, sans doute, de trouver son public dans une France qui, à l'époque, avait une perception plutôt négative de la culture nippone mais aussi de conquérir le cœur des télespectateurs français pour qui Sailor Moon était avant tout un dessin-animé. Afin de bénéficier d'une édition beaucoup plus conforme à l'originale, c'est donc vers Pika qu'il faudra vous tourner. Malgré de petits défauts, le respect de l'œuvre de Takeuchi est bien présent et cela constitue, pour les puristes tels que moi, un avantage certain. |
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Source: "Les différences des mangas PIKA/GLÉNAT" - Sailor Moon TV |